Aujourd’hui, c’est au tour de la Chine

Bruno Le Maire et Angela Merkel affichent chacun de leur côté la fermeté, mais c’est pour mieux négocier. Le ministre français l’a souligné en refusant que l’exemption aux taxes américaines qu’il demande soit soumise à conditions, sans préciser lesquelles, car là est l’essentiel.

Un scénario qui circule voudrait en effet que l’administration américaine exempte provisoirement l’Union européenne, mais en lui accordant des délais pour remplir trois conditions : le plafonnement volontaire de ses exportations d’acier, le changement de sa politique commerciale avec la Chine, et le respect des engagements financiers des États membres de l’OTAN. Cela fait matière à discuter !

Donald Trump annonce aujourd’hui les mesures qu’il entend prendre contre la Chine. Mais on croit déjà avoir compris que les Européens ne sont qu’accessoirement visés dans cette guerre. La Chine est le gros morceau, et ils sont donc sommés de s’associer aux pressions.

Un représentant du Bureau du représentant américain au commerce (USTR), une composante de l’administration fédérale, a de nouveau donné un éclairage sur ses intentions : « nous avons des preuves particulièrement solides que la Chine utilise des restrictions telles que la nécessité de créer des coentreprises (…) dans le but d’exiger un transfert technologique d’entreprises américaines au profit d’entités chinoises ». L’objectif est donc de supprimer ces dispositions afin d’ouvrir le marché intérieur chinois sans entrave.

Donald Trump joue au billard à bandes. Les dirigeants chinois répliquent en disant qu’ils ne resteront pas les bras croisés. Selon le Wall Street Journal, ils pourraient viser des produits agricoles américains comme le soja, le sorgho et le porc, touchant ainsi les régions qui ont voté pour lui. Les dirigeants européens y réfléchiraient de même. Les dirigeants chinois ont vite compris où cela fait mal !

8 réponses sur “Aujourd’hui, c’est au tour de la Chine”

    1. Juste un bras de fer entre puissants seigneurs féodaux pour s’accaparer la rente. Si le gouvernement chinois conserve une vision sur le long terme en étant conscient que les richesses doivent a minima être partagées et que le développement du marché domestique est le meilleur moyen d’éviter les troubles sociaux, Trump ne pense qu’à gaver les actionnaires – ses collègues milliardaires – dans une optique courtermiste.

      Quel que soit le résultat de ce bras de fer, les pauvres aux USA sont d’ores et déjà perdants, ils sont condamnés aux bullshit jobs et aux bons alimentaires car ils ne verront pas revenir les emplois délocalisés. Ceux-ci s’en iront vers des cieux à la main d’œuvre encore moins chère, voire reviendront au pays lorsqu’ils seront entièrement robotisables.

  1. Partie intéressante donc , dont on se demande pourtant si elle peut se résoudre « intelligemment » sans vision du monde plus partagée , de préférence dans un nouveau cadre .

    Trump et Xi Jinping ont ils les bonnes traductions des œuvres de Paul Jorion ?

    Qui « pipera » l’autre ?

    La Comtesse préfèrerait piper la Chine , mais le petit peuple redoute de faire les frais des transactions sur lesquelles une trêve pourrait se faire , quelle que soit l’issue des « négociations » .

      1. Dates de fraicheur contestables , car les événements se précipitent .

        Même si le fond reste sans doute d’actualité , ce qui m’intéressait c’était plutôt une idée de l’évolution potentielle selon les augures du blog .

        1. Le propre d’un site de géopolitique est de traiter des relations imaginées (idéologies) des hommes aux territoires, qu’ils soient disputés ou non. Le rapport entre cet imaginaire et les limites du pouvoir des différentes puissances – la géographie sert à faire la guerre – est par nature stable sur le long terme.

          Par exemple, si l’annexion de la Crimée par la Russie dépend bien d’un ‘moment’ politique qui définit les possibles pour chaque camp à un instant t, en fonction des multiples interactions politiques, économiques, militaires, etc, l’imaginaire russe reste cependant le même avant et après ladite annexion. C’est là tout l’intérêt de l’apport des études géopolitiques, prendre en compte l’idéologie et l’imaginaire collectif sur le temps long pour aider les chancelleries à anticiper/ atténuer, tant que faire se peut, les fameux cygnes noirs.

          Il faut remarquer que l’outil est bien plus efficace avec les bonnes vieilles dictatures classiques, qu’avec les « démocraties libérales » qui, sauf en ce qui concerne la macroéconomie, changent de direction (au sens littéral et figuré) tous les 4 à 5 ans (cf la politique libyenne ou syrienne de la France sur le dernier quart de siècle).

          Bref, concernant vos interrogations sur la Chine, la Russie et l’Otan, l’outil explicatif de la géostratégie reste pertinent pour les deux premiers hégémons qui ont des fondements stratégiques plutôt stables. Alors qu’il perd en capacité prédictive dans le cadre d’une Alliance atlantique où chaque acteur essaye de maximaliser ses profits en diminuant ses coûts, tout en étant soumis à une bonne dose d’imprévisibilité en fonction des alternances des gouvernements. Pour le dire clairement, Poutine et Xi-Jinping peuvent bien sûr nous surprendre tactiquement, mais ils ont une pensée stratégique stable reposant sur des fondamentaux historiques, alors que l’olibrius de Washington entend bien conduire les affaires de son pays comme s’il s’agissait d’une vulgaire multinationale. Ce qui le rend particulièrement imprévisible pour tout le monde, adversaires, mais également alliés et… collaborateurs.

          Pour le coup, votre idée de recourir aux augures n’est peut-être pas si mauvaise 😉

  2. Pour le coup, votre idée de recourir aux augures n’est peut-être pas si mauvaise 😉

    Et bien lançons-nous !

    En premier lieu la politique de fond de l’impérialisme US, n’est pas à confondre avec les « à-coup » que lui donne son fantasque président.

    Intrinsèquement il y a de la logique dans l’égoïsme et le cavalier seul que choisit Washington. Toute personne un peu sensé voit bien qu’il en est terminé de la mondialisation heureuse et bénéfique pour tous. La relative croissance économique mondiale ne peut être qu’éphémère, et n’est que le fruit d’une bulle de crédit gigantesque.

    Une prochaine crise financière et tout le monde rentre en récession. La récession, et chacun à carême sonnant, reprend sa poêle ! Les USA, qui ont les reins assez solides pour vivre en autarcie, au moins un temps, sont les premiers ouvertement à faire le choix de l’isolationnisme et du protectionnisme. Il ne va pas rester longtemps seul. La personnalité de Trump donne à cette politique une certaine couleur, mais en rien elle ne la fonde.

    Plus intéressante et d’observer le comportement de la Chine. Ce soir celle ci est dans le déni :

    « Pékin demande à Washington de revenir sur ses menaces de sanctions commerciales »

    Un peu comme un Martinez (CGT) vis à vis d’un Macron, ces forces politiques donnent l’impression de ne pas croire possible que le monde puisse tourner sans eux. Ils ne comprennent pas ce proverbe voulant que, lorsque on lâche la crinière du cheval, il ne faut pas tenter de se raccrocher à la queue !

    Mais pourquoi la bureaucratie étatique chinoise et la bureaucratie ouvrière syndicale sont-ils comme en état de sidération face à ce type de nouvelle politique ? Parce qu’elles sont partie intégrante du système. Ces larbins se considèrent bien mal récompensés, à l’aune de tous les services qu’ils ont rendu au capitalisme, de se voir taxer ou snober de cette manière.

    Par tous les moyens ils essayent de faire revenir leurs maîtres à la raison, mais le maître ne les regarde déjà plus. C’est de la dimension d’une tragédie shakespearienne.

    Staline en 1942 a déjà vécu cela. On connait la suite !

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